Certain l'appelle HP comme ça seul ceux qui baignent de dans peuvent les comprendre. C'est pourquoi moi je tiens à l'appeller normalement : l'hôpital psychiatrique. Là tout le monde comprend de quoi je veux parler.
Certain le voit comme une prison et rêve que cela soit un hôtel 5 étoiles où le personnel assouvirait leurs 4 volontés et serait aux petits soins.
Je vois l'hôpital psychiatrique comme un hôpital normal : on y est pour être soigné. Et comme un patient qui doit subir des examens contraignants, le malade mental doit aussi subir des mesures contraignantes.
Je vous ais raconté une partie de mon entrée à l'hôpital ici : n°5 : Dans la tourmente, un moment de bonheur
Voici la suite.
Dans le bâtiment où je séjournais chaque étage étaient différents. Je ne les ais pas tous visité et je ne pourrais même pas vous dire s'il y avait 5 ou 6 étages. J'ai démarré au 2e, endroit donc fermé, impossibilité pour le malade de sortir mais impossibilité aussi pour le visiteur non invité d'entrée. Dans cette porte fermée à double tours c'est cette impossibilité d'intrusion que je retenais et qui me soulageais. Au début cela ne me génait absolument pas de ne pas pouvoir sortir et j'étais heureuse de savoir que personne ne pouvait rentrer sans l'approbation des medecins. Cela me donnait une très grande impression de sécurité. Il faut savoir que depuis mon adolescence j'ai un cauchemard réccurent où des gens, même parfois ma famille rentre chez moi pour faire la fête ou tout changer (les meubles, la déco) sans me demander mon avis. Dans ce cauchemard les gens rentrent en général quand je dort (oui je rêve que je dors et que je peut "voir" ce qui se passe sans ouvrir les yeux) et c'est très stressant parce que je ne peut rien faire pour les empecher d'être chez moi. Là où il y a un mieux c'est qu'auparavant quand j'essayais de crier, de m'énerver pour les mettre tous dehors, impossible de pousser le moindre hurlement, je ne pouvais qu'à peine chuchotter; maintenant j'arrive enfin de temps en temps à crier et ça soulage. Vous comprenez peut être ainsi un peu mieux le pourquoi j'ai aimé non pas qu'on m'enferme mais qu'on ne puisse pas rentrée dans mon sanctuaire qu'était pour moi l'hôpital psychiatrique.
Au bout de quelques jours (1 semaine surement) quelques malades dont moi ont eut l'autorisation de "sortir" dans le petit jardin attenant au batiment et dument grillagé. Il y avait des infirmières avec nous. C'était comment dire ? Quand j'était malade, j'interprétait mal le monde exterieur (ce qu'on me disait, ce que j'entendais, ce que je voyais). Pendant une semaine au 2e étage de l'hôpital psychiatrique, le monde exterieur se limitait à très peu de chose, d'autant plus à cause des médicaments qui m'enrobaient de coton. J'étais comme dans un cocon avec le minimum de contacte et de stimulis externe. Et là, en sortant dans ce petit jardin, tout d'un coup, je remettais un doigt de pied dans le monde : l'herbe, les arbres, le ciel, le vent. C'était presque comme si je venais de renaitre, tout paraissait nouveau et légerement étrange. Et puis il y eut 2 choses : d'abors un jeune homme encapuchonné dans son jogging est passé à coté du jardin et m'a fait peur rien que part sa capuche qui ne permettait pas de voir son visage . Et puis une des infirmières à jouer avec des petites marguerites entre ses doigts : j'ai fondue en larme de tristesse. Ces petites fleurs me rappellaient ma famille et j'était pour la 1ere fois depuis mon hôspitalisation malheureuse d'être séparée des personnes que j'aimais. Ca a été le signal de départ pour tout le monde, les infirmiere nous ont tous fait remonté au 2e étages.
Peut après le psychiatre qui me suivait m'a demandé pourquoi j'avais pleuré et je lui ais raconté ce que m'avait fait penser les marguerites. A partir de là j'ai commencé à aller mieux. J'ai voulue m'occuper au lieu d'être zombie. Je ne pouvais ni lire ni écrire à cause des médicaments alors j'ai réussi à obtenir des mandala à colorier; ma famille m'a procurer un lecteur de cd. Mais la réserve de mandala c'est épuisée et l'infirmier n'a pas voulu m'en donner d'autre et j'ai commencé à tourner en rond. Je me souviens j'étais dans le couloir, casque sur les oreilles et je faisais les 100 pas. Je n'avais pas envie de parler dans le fumoir avec les autres, je n'avais pas envie de dormir, je n'avais pas envie de penser, réflechir. J'avais envie de SORTIR. Enfin. J'avais envie d'aller dehors, de m'offrir un cappuccino et de lire un magasine à la cafet. J'avais envie de voir ma famille. Et je faisais les 100 pas parce que j'avais enfin envie de BOUGER. Et là dans le couloir, un(e) infirmier(e) est venue me voir : "vous changez d'étage, vous allez monté au 4e". J'ai sauté de joie et demandé la permission d'appeller ma famille pour les prévenir. Parce que sur le coup je ne me rendais pas compte que j'allais mieux. C'est parce que les medecins me changeaient d'étage que je me suis dit que j'allais mieux.
Cette nouvelle a boulverser une de mes voisine de chambrée. Elle ne comprenait pas pourquoi, moi qui était arrivé apres elle, je partais avant elle. Je ne savais pas quoi faire, ni quoi dire. Son fils était justement venue la voir. Et soudain elle lui dit : " je veux les mêmes feutres qu'elle" en me pointant du doigt. Les feutres, toutes ses couleurs avec lesquel j'avais colorié soigneusement mes mandalas. J'en avais un en double. Je l'ais donné à son fils, j'ai pris mes valises, j'ai passé la porte ouverte rien que pour moi et je suis montée au 4e. Heureuse. Mais pas encore guérie.